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Les mots pour le dire… Savez-vous communiquer efficacement ?

Que ce soit au travail, lors de rencontres sociales ou entre amis, bien des gens se plaignent d’avoir du mal à communiquer. Souvent, leur message ne passe pas: ou bien il est mal compris, ou bien les mots leur manquent pour transmettre ce qu’ils ont à dire. C’est votre cas? Surtout, pas de panique. Si vous préférez vous taire plutôt que d’affronter un auditoire, il existe des moyens pour vous tirer d’embarras. Avant tout, il s’agit d’avoir confiance… en vous! 

À partir de adolescence, on remarque à l’école que certaines personnes, plus que d’autres, ont des aptitudes toutes naturelles à communiquer. Ils ne semblent pas connaître la timidité – qui pourtant existe – et affiche une sorte de don pour exprimer ce qu’ils ressentent et ce qu’ils pensent, et pour se faire comprendre de leurs interlocuteurs.

Malheureusement, les échecs, parfois douloureux, récoltés en cours de l’existence, aident à comprendre qu’il ne suffit pas d’avoir une propension naturelle à échanger avec les autres pour éliminer tous les problèmes. Mais c’est justement la somme de ces succès et de ces échecs qui nous fournit l’expertise nécessaire pour apprendre à maîtriser l’art de communiquer efficacement.

Partir de sa propre expérience

L’enseignement de la communication est relativement récent dans les programmes scolaires. Bien sûr, il existe différents cours sur l’art de convaincre et d’être bon vendeur, sur les techniques d’argumentation et de négociation, et aussi des écoles spécialisées à l’intention de ceux et celles qui utilisent leur voix à des fins professionnelles (théâtre, cinéma, animation radio ou télé)… Mais l’art de communiquer véritablement avec l’autre, cet art qui relève bien plus du dialogue que de la pose de voix, celui-là ne nous est jamais appris.

Pour pallier certaines carences sur le plan des échanges interpersonnels, plusieurs se tournent vers les théories en vogue: écoute active, impact des quatre premières minutes d’une rencontre, influence du langage non verbal, présence « d’atomes crochus » entre les individus, etc. Toutes ces théories sont issues des différentes expériences de ceux et celles qui les ont élaborées.

bonjour

Et en ce sens, elles expriment toutes quelque chose de vrai, c’est-à-dire des principes qui ont fait leurs preuves dans certaines circonstances particulières. Mais aucune d’entre elles ne pourra jamais remplacer ce que nous expérimentons nous-mêmes dans le contexte où nous évoluons, avec les gens que nous côtoyons. Les spécialistes de la communication ne sont là que pour susciter une prise de conscience chez les gens. En fait, chaque individu possède déjà tous les éléments en main pour améliorer la qualité de ses contacts avec les autres.

Confiance et authenticité

Communiquer, c’est d’abord avoir le désir d’aller vers les autres, de recevoir quelque chose d’eux et de donner en retour. Si ces principes ne sont pas respectés, il peut y avoir un échange de paroles, mais aucune communication de fond. Et si l’un ou l’autre de ces désirs a été saccagé durant l’enfance, viendra un moment où, devenus adultes, nous fuirons les occasions de nous exprimer sincèrement.

Le désir de donner requiert une bonne dose de confiance en soi. Pour entrer en contact avec quelqu’un, il faut avoir l’impression que nos propos valent la peine d’être entendus. Or, chaque individu a sa propre compréhension des choses. Et c’est justement cette spécificité qui crée tout l’intérêt de son discours. Sa vie, ses propres expériences, voilà ce qu’il a de plus important à communiquer. Mais souvent, il ne croit pas que cette vision du monde vaille la peine d’être transmise aux autres.

Plus, il ne croit probablement pas non plus que les opinions des autres pourraient lui apporter quelque chose. Cette compréhension du monde qui nous est propre ne se communique pas nécessairement de manière précise. Encore plus que le contenu de la conversation, c’est la personnalité même de l’individu qui est transmise à l’autre. Ce que l’on dit, c’est ce que l’on est. D’où le grand malaise qui plane lorsque nos propos ne correspondent pas à ce que nous ressentons vraiment. L’autre ne comprend pas ce qui cloche, mais il sent tout de même qu’un fossé vient de se creuser entre nous et lui.

Dire autre chose que ce que l’on ressent: voilà l’élément déclencheur d’une communication faussée au départ. Le concept semble évident, mais c’est pourtant là que résident les principales difficultés quand on veut établir un vrai dialogue avec l’autre.

Les zones vulnérables

laisser tomber votre masqueParmi toutes les sphères de la communication, l’art du dialogue est sans doute le plus exigeant. C’est d’ailleurs lui qui sert d’assises à plusieurs autres techniques, qui peut contribuer à la conclusion d’une négociation importante ou transformer une entrevue en succès retentissant.

Pour qu’un dialogue soit satisfaisant, les personnes en présence doivent accepter de faire tomber leurs masques, d’afficher leur vulnérabilité. Faire tomber les masques, cela suppose le refus de camoufler ce que l’on est derrière le vernis des techniques apprises ou des mécanismes de défense. Et on n’a pas toujours envie de se dévoiler autant, surtout face à des gens que l’on connaît peu…

Pourquoi donc est-ce si difficile ? Peut-être parce que le fin fond de la communication, c’est d’être aimé. Or, pour être aimé, nous sommes prêts à bien des concessions, parfois même à cacher nos sentiments les plus profonds. Chacun se dit: « Comment l’autre pourra-t-il encore m’aimer si je me présente à lui telle que je suis, c’est-à-dire timide, déprimée, peu confiante? »

C’est pourtant à partir de l’expression de cette vulnérabilité que le véritable dialogue peut s’amorcer. À ce sujet, tout le monde cache un petit espace, un territoire secret où il a honte, où il cherche à fuir. Mais sans le partage de cet aspect vulnérable, la communication ne peut avoir lieu.

N’est-ce pas un peu paradoxal? On veut être aimé, faire valoir nos forces, se montrer sous notre meilleur jour… mais pour cela, il faut se sentir suffisamment en sécurité pour accepter parfois de « perdre la face », de dévoiler à l’autre certaines zones étiquetées « privées ».

En fait, ce sentiment de sécurité personnelle ne suffit pas à établir un bon dialogue. Pour ouvrir notre zone de vulnérabilité, on doit aussi faire preuve d’un respect de soi et de l’autre. Ce respect se traduit ainsi: « Je n’entrerai pas dans ton espace sans que tu m’y autorises. » Hélas, de nos jours, les gens ne se donnent plus la peine de demander, ils prennent avant qu’il ne reste plus rien. Et on cherche à faire la même chose en communication: vider l’autre, lui soutirer tout ce qu’il a à donner sans transmettre quoi que ce soit en retour.

La crédibilité: une question d’attitude

Face à un auditoire, les personnes appelées à prendre la parole maquillent souvent leurs zones vulnérables en utilisant des trucs appris et répétés. Pourtant, même dans ce type de communication, l’authenticité est primordiale. Parler en public est une question d’attitude. Il faut partir du principe suivant: quand on veut que le contact s’établisse, il faut être sincère et authentique. Cela exige donc d’abord une démarche de connaissance de soi.

discours oratoire

Le fait de s’exprimer devant un auditoire suscite des peurs énormes. En public, on est à nu: on veut dire des choses intelligentes, on veut convaincre, on veut que les gens nous trouvent gentille et belle. Mais s’il y a quelque chose de faux dans le ton, l’attitude ou l’apparence, le message ne passera pas. Encore une fois, le fameux désir d’être aimé intervient, et le paradoxe s’installe. Comment faire pour gagner l’approbation des autres en se montrant telle que nous sommes vraiment? Chose certaine, il ne suffit pas de « jouer la sincérité »: cette note fausse finira par créer un malaise dans l’auditoire, même si les personnes assises devant vous n’en identifient pas précisément la cause. Un communicateur incapable de dialoguer – c’est-à-dire de réduire le décalage entre ce qu’il dit et ce qu’il ressent – perdra à la longue toute crédibilité auprès des gens qui l’écoutent.

Sincérité, humilité et humour sont les trois qualités essentielles pour parler en public. Certes, on doit s’adapter au contexte et aux personnes en présence, mais il faut aussi garder son identité propre. Les gens viennent écouter un orateur qui a quelque chose de différent à dire. Finalement, il faut connaître ses particularités et ne pas avoir peur de les exprimer, ne pas avoir honte de ce que l’on est.

L’image que l’on projette

La sincérité ne va pas de soi. Non pas que les gens cherchent à être faux, mais comme ils n’ont pas une connaissance adéquate de ce qu’ils sont, il arrive souvent que leurs propos sonnent faux. Ainsi, même lorsqu’il s’agit de parler en public, il faut insister davantage sur la connaissance de soi que sur les techniques d’art oratoire. L’individu en question doit se pencher sur ses caractéristiques et cherche à cerner ses forces et ses limites.

image première impression

Une bonne méthode consiste à se filmer sur  vidéo ou sur votre webcam et à se regarder. La personne peut alors dire si l’image qu’elle projette correspond à ce qu’elle ressent et si elle aime ce qu’elle voit. Certaines personnes n’ont aucune idée de l’image qu’elles livrent aux autres. Souvent, elles doivent d’abord changer leur perception d’elles-mêmes avant de poursuivre la démarche: elles ne se voyaient pas du tout comme cela!

Pour modifier cette perception de soi, on ne devrait toutefois chercher aucun modèle à imiter: chaque personne devrait réussir à découvrir ce qu’elle a de particulier. Ensuite, le travail consiste à changer ce que l’on n’aime pas et qui est transformable, et d’apprendre à mettre en valeur ce qui nous est propre et qui ne peut être changé.

Par ailleurs, on se doit d’insister sur l’importance de ne pas se laisser abattre par une réaction mitigée ou négative de l’auditoire. II faut admettre au départ que les gens ont le droit de rejeter ce que nous leur présentons. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils nous rejettent comme individu. Dans certaines circonstances, il se peut que telle personne accueille bien nos idées et que, dans un autre contexte, la même personne s’y oppose. Les gens disent oui ou non selon leurs besoins, et il arrive que nos propos ne répondent pas à ces besoins au moment précis où nous les formulons.

Et les techniques ?

En communication, les techniques sont très utiles, mais à la condition de ne pas devenir esclave de la recette. Il faut connaître la mécanique du discours et ensuite l’utiliser pour retrouver la liberté, la possibilité de faire des choix. Ce sont les règles du jeu qui sont à notre service, et non pas la personne au service des règles.

technique oratoire

À cet égard, il faut admettre l’efficacité de certains trucs, mais il y a des gens qui font exactement le contraire et ça marche aussi! C’est parce que leurs propos correspondent parfaitement à ce qu’ils sont. Avant de se lancer dans la préparation d’un exposé quelconque, on suggère de se poser certaines questions pertinentes: Quel est le message que j’ai à livrer et de quelle façon puis-je le transmettre pour mettre mon auditoire en confiance? Ai-je besoin d’un lutrin? Serais-je plus à l’aise en me déplaçant sur l’estrade, en me rapprochant du public ou encore en restant à l’écart? Toutes ces méthodes sont bonnes pour autant qu’elles s’accordent à votre personnalité et à votre état d’esprit.

Dès que l’on s’adresse à un public, il faut porter attention au débit et à la tonalité de sa voix. On peut se donner des moyens pour exercer cela. Ainsi, une voix très haute et nasillarde devra être corrigée. II faut également laisser aux gens le temps de digérer l’information transmise.

Par exemple, si quelqu’un doit prononcer une allocution devant les membres d’un conseil d’administration, il aura besoin de techniques, bien sûr, mais surtout d’autorité et de compétence relativement au contenu de son exposé. Par ailleurs, la simplicité et l’humour seront aussi importants. On peut montrer sa vulnérabilité parle biais de l’humour. Si cela ne cache pas un manque de compétence, le message passera très bien. L’humour permet de détendre l’atmosphère et de se détendre soi-même. Et c’est bon en toute occasion, même face à un conseil d’administration. »

La nature du message à transmettre dictera votre façon de l’exprimer. Le contenu est-il informatif ou divertissant? S’agit-il d’un hommage à rendre, de remerciements à formuler ou d’un produit à vendre? Les techniques indispensables pour devenir speakerine à la radio ne seront pas nécessairement appropriées si l’on désire seulement améliorer les échanges avec nos enfants.

Il existe différents cours pour apprendre à communiquer en public. On y travaille surtout à défaire les plus gros noeuds, à identifier les problèmes réels et à répéter certains exercices pour les résoudre. Par exemple, certaines personnes perdent complètement la voix devant un public; dans ce cas, il s’agit souvent d’un problème de respiration dû à une trop grande anxiété. Or, en réapprenant à respirer, on diminue l’anxiété et la personne retrouve sa voix. En ce qui concerne les défauts d’élocution, les gens aux prises avec ce problème doivent d’abord s’en rendre compte s’ils veulent ensuite l’éliminer. Et il y a les fameux trous de mémoire qui guettent tous les communicateurs. Cet écueil peut cependant être évité en inscrivant sur des fiches quelques mots clés. Souvent, un rappel de ce genre suffit à nous faire reprendre le fil de nos idées.

Au bout du compte, c’est en apprenant à se connaître mieux qu’on finit par mettre au point nos propres techniques de communication. Et dans ce domaine, les vôtres seront toujours les meilleures: vous seule êtes en mesure de déterminer vos limites, d’exploiter vos forces au maximum. L’art de la communication ne s’apprend pas dans les livres, mais plutôt à travers l’ensemble de vos expériences passées et à venir…

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